Corinne FOURNIER

Chercheur en sciences cognitives, praticienne en neurofeedback

 

 

 

Corinne Fournier, linguiste de formation, a travaillé dans le domaine de la recherche documentaire puis de l’intelligence artificielle. Elle a ensuite dirigé chez Dassault Aviation une équipe de recherche en sciences cognitives. Son équipe était composée d’un philosophe phénoménologue, d’un roboticien, d’un biologiste, d’un linguiste, d’un spécialiste de systèmes multi-agents et de nombreux thésards et étudiants.

Elle est praticienne depuis début 2005 et formatrice officielle de la méthode NeurOptimal depuis 2007. Elle a formé une centaine de praticiens et de parents d’enfants handicapés.

Elle a co-écrit avec Pierre Bohn le livre Le Neurofeedback dynamique, paru aux éditions Dangles en 2011.

 

 

Neurofeedback dynamique et mécanismes neuronaux
Première partie

Corinne FOURNIER

Imaginez que vous êtes confortablement installé et que vous écoutez de la musique ou regardez un film. Sur votre tête sont posées des électrodes qui captent l’activité électrique de votre cerveau. Ce signal électrique qui varie tout le temps, transmis à un ordinateur, est analysé par un logiciel qui détecte des « turbulences » ou variations particulièrement grandes par rapport à celles qui ont précédé. Le logiciel déclenche alors une très brève interruption de la musique qui va inciter votre cerveau à modifier ses connexions et à mieux se réguler. C’est le principe de NeurOptimal, un système de neurofeedback dynamique développé par deux psychologues depuis plus de dix ans. Le système détecte des turbulences, en informe le cerveau par un « feedback », l’interruption de la musique, et le cerveau se modifie.

C’est ainsi que des changements surviennent. Un petit garçon handicapé de 2 ans qui n’avait quasiment pas dormi et ne cessait de pleurer depuis sa naissance sourit dès la première séance et dort. Un jeune homme autiste de 18 ans fait chaque mois des crises de violence qui durent plusieurs jours. Avec les séances, les crises sont moins intenses et durent moins longtemps, jusqu’à disparaître. Une femme hyperactive, qui n’arrive pas à se coucher et est épuisée, accepte sa fatigue et se couche plus tôt. Un homme dans la procrastination qui a du mal à se lever range son appartement, le réaménage, et prend plaisir à réaliser des tâches qui auparavant étaient pour lui des corvées. Une femme de 50 ans avec une dent dévitalisée qui la fait horriblement souffrir voit sa douleur s’atténuer et constate de nombreux autres changements. Une femme de 75 ans atteinte de la maladie de Parkinson marche mieux, a moins de douleur, et retrouve un dynamisme et un moral qui lui donnent l’envie de nouveaux projets de vie.

Insomnie, stress, migraines, procrastination, hyperactivité, dépression, boulimie, Parkinson, AVC, autisme, épilepsie, bouffées de chaleur, troubles digestifs, estime de soi, attention, dyslexie, phobies, addictions… Ce sont des dizaines de domaines de changements qui ont été rapportés par les personnes.

Quel que soit l’âge, quels que soient les souffrances ressenties ou les objectifs de changements souhaités, cette technologie aide tout cerveau à se réorganiser et à mieux se réguler de lui-même sans qu’on ne lui impose rien de l’extérieur.

Contrairement aux autres approches de neurofeedback classique, NeurOptimal ne compare pas le cerveau de la personne à une norme et ne fait aucun diagnostic médical dans le but de traiter la pathologie identifiée. C’est la variabilité du cerveau qui donne des indications sur la façon dont ce cerveau fonctionne et une interruption, déclenchée au bon moment, suffit pour qu’une réorganisation ait lieu.

Pour cela, la personne n’a rien à faire. Elle est simplement là, elle n’a pas besoin de se concentrer sur l’écoute de la musique, elle peut fermer les yeux et même s’endormir. Les changements se font à un niveau non conscient. Son cerveau est alors dans un type de fonctionnement que l’on nomme le mode spontané. Dans ce mode, le cerveau n’est pas engagé dans une tâche cognitive particulière. Des expériences et des mesures récentes, en particulier de consommation d’oxygène, ont révélé que l’activité neuronale était très élevée pendant ce mode. De plus, la comparaison avec des activités cognitives spécifiques a montré que les variations par rapport à ce mode spontané étaient faibles. C’est ce qui a permis aux chercheurs de conclure au rôle fondamental de ce mode qu’ils ont également appelé « mode par défaut ». Car ce mode de fonctionnement sert de référence pour le cerveau et c’est dans ce mode qu’il revient après chaque activité particulière.

Pendant une séance de NeurOptimal, la personne n’a pas à évoquer ou revivre une situation traumatisante, elle n’a pas à se mettre dans un état particulier pour corriger son problème. Son cerveau est dans son mode spontané. Le logiciel, détectant les turbulences liées à des mauvaises régulations du mode par défaut et déclenchant à ce moment une interruption du son, incite le cerveau à modifier ses connexions dans ce mode par défaut. C’est ainsi qu’en se régulant, il permet aux autres modes de mieux fonctionner puisqu’ils ne sont que de faibles modulations du mode spontané.

NeurOptimal est une méthode générique, elle ne cherche pas à cibler une bande de fréquences particulière ou une zone particulière du cerveau, elle ne cherche pas à corriger un dysfonctionnement spécifique. Elle laisse le cerveau réguler les boucles locales les plus turbulentes, régulation qui se propage aux autres boucles auxquelles les premières sont connectées. C’est tout le cerveau qui se réorganise et se régule de lui-même, ne provoquant ainsi aucun effet secondaire, et entraînant des changements dans des domaines très divers non seulement du système neuronal, mais aussi des systèmes immunitaire, cardiaque, respiratoire, musculaire, digestif et hormonal.

 

Deuxième partie sur la page de Pierre BOHN

Cécile Meignant©2012 Haut de page