Fabienne CAZALIS

Neuroscientifique

 

 

 

 

Fabienne Cazalis est titulaire d'un doctorat en Sciences Cognitives. Après s'être consacrée à la recherche en Imagerie cérébrale, elle a enseigné les Neurosciences en école de médecine. Elle est désormais éditrice à temps plein (http://www.editions-instant-present.com/).
Elle est l'auteure de "Curiosités de l'enfantement", un livre sur la physiologie de la naissance et de l'attachement.

 

Apport des neurosciences aux psychothérapies de la dépression nerveuse

 

Afin de comprendre l’apport de la neurobiologie à la psychologie, cinq notions sont essentielles :

- monisme : le concept de dualité corps-esprit n’a aucun sens pour les neuroscientifiques. Chaque état mental correspond à un état physique, mesurable, et réciproquement.
- homéostasie : l’équilibre interne doit être maintenu. Ainsi, toute modification de cet équilibre entraine une réaction de compensation. Lorsque l’équilibre ne peut être rétabli, une maladaptation s’installe progressivement. Les mécanismes de compensation peuvent alors devenir pathogènes.
- Interaction des grands systèmes du corps : système nerveux, système immunitaire, système hormonal, système sanguin, système lymphatique et flore du corps.
- variabilité et vulnérabilité : une grande variabilité individuelle, et notamment une grande variabilité génétique, offre a la fois un avantage évolutif (quelle que soit la situation, il y a dans la population un réservoir d’individus pouvant s’y adapter et assurer la survie de l’espèce) et un inconvénient individuel (quelle que soit la situation, il y aura toujours des individus qui auront des difficultés à s’y adapter).
- épigénétique : le système génétique n’est pas figé au cours d’une vie, l’expression de certains gènes dépend de facteurs environnementaux.

 

Ces cinq notions sont nécessaires pour comprendre la neurobiologie de la dépression, que l’on peut décrire suivant ces axes :

- monisme : les états mentaux de la personne dépressive correspondent à des modifications chroniques du fonctionnement cérébral, notamment dans le cas des dépressions sévères (réduction du cortex frontal, modification des connections neuronales, réduction de la néogenèse hippocampique, modification de l’équilibre des neuromédiateurs)
- homéostasie : la maladaptation au stress chronique nécessite des compensations hormonales et immunitaires qui entrainent des effets délétères durables. La dépression se révèle ainsi être une maladie systémique, un peu comme que le diabète ou le syndrome métabolique.
- Interactions : l’intrication des grands systèmes du corps est bien illustrée par le rôle de l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénales dans la dépression.
- Variabilité et vulnérabilité : nous ne sommes pas tous à armes égales face au stress, et notamment au stress précoce, qui peut provoquer des modifications cérébrales à long terme, rendant l’individu plus susceptible de développer une dépression à l’âge adulte.
- Epigénétique : les recherches récentes ont pu caractériser certains gènes qui sont spécifiquement exprimés peu après la naissance lorsque le bébé est exposé à une trop grande quantité de stress précoce (séparation, froid, faim, etc).

 

Cécile Meignant©2012 Haut de page