Le modèle Internal Family Systems (IFS) est né dans les années 1990, d’une remise en question personnelle qu’effectua Richard Schwartz thérapeute familial, confronté à l’insuffisance des résultats qu’il obtenait avec ses patients, principalement à l’époque des femmes présentant des troubles du comportement alimentaire. Il décide alors de mettre de côté, au moins temporairement, tout ce qu’il a appris sur le psychisme et la psychothérapie, et d’adopter comme principal outil l’écoute curieuse. Il repère ainsi que ses patientes parlent pour décrire leurs difficultés, de parties d’elles-mêmes qui semblent entre elles, être en conflits.
Le modèle IFS fait partie des modèles humanistes et tend à constituer avec les méthodes mettant en jeu la pleine conscience (ou mindfulness), un nouveau groupe de psychothérapie. Il repose conceptuellement sur le paradigme de multiplicité du psychisme. Celui-ci est vu comme constitué de « parties » engagées entre elles dans des relations plus ou moinsharmonieuses. A ce titre le modèle IFS reprend la pensée systémique, appliquée au monde intra psychique. Les parties sont définies comme de véritables personnes intérieures dotées d’une individualité propre et destinées à rentrer en relation les unes avec les autres.
Schwartz repère que ses patientes font aussi l’expérience d’un état particulier qu’elles décrivent comme étant « qui elles sont vraiment », leur « être profond ». Cet état se manifeste invariablement, lors du travail guidéd’individualisation des parties. Il est appelé « Self » et est assimilable à la pleine conscience. Schwartz a fait la découverte que lorsque le Self est mis en jeu dans le travail d’exploration intérieure, les parties et leurs réseaux relationnels, sont capables de transformations durables. Il aaussi découvert que le Self est une ressource interne toujours disponible et qu’il constitue le leader naturel et le « guérisseur » du système intrapsychique. Le but ultime de la thérapie est de créer les conditions qui vont permettre aux parties engagées dans des relations figées, de reconnaître dans le Self ce leader naturel.
Il y a deux groupes de parties : celles qui ont été exposées au traumatisme ou auxcontraintes extérieures et qui en ont gardé un trace, et celles qui ne l’ont pas été ou qui n’en n’ont pas gardé la trace. Les premières sont décrites comme chargées d’un « fardeau » soit qu’elles sont été la cible du traumatisme, soit qu’elles aient du se contraindre à protéger celles qui l’ont été. Ces dernières parties sont appelées « protecteurs » et sont distinguées en fonction de la façon dont elles protègent les parties vulnérables. Les « managers » travaillent par anticipation et sont souvent associés à des systèmes de croyance assez puissants qui permettent à la personne de contrôler plus ou moins efficacement l’environnement pour éviter l’activation des parties vulnérables par cet environnement Les « pompiers » interviennent à l’opposé des managers, une fois la blessure de la personne réactivée. Ils s’imposent dans des comportements qui visent à produire un effet d’apaisement de la douleur psychique à très court terme et de courte durée (consommationd’alcool, achats compulsifs, etc.). Managers et pompiers constituent vis à vis des parties blessées une véritable barrière de protection qui font de ces parties, de véritables « exilés » au sein du système psychique. Les exilés portent le fardeau primaire constitué dans des proportions variables des émotions et des croyances non traitées et reliées à l’expérience traumatisante. Le modèle décrit une douleur psychique primaire qui est liée au fardeau de l’exilé et une douleur psychique secondaire (souvent associée aux symptômes pour lesquels la personne est en recherche de psychothérapie) qui est liée à l’engagement des parties dans des relations figées.
Le modèle IFS propose une pratique thérapeutique dans laquelle le thérapeute est le Self. Le thérapeute primaire est le Self du client. Le Self du psychothérapeute intervient comme soutien et guide (thérapeute secondaire) grâce à la relation entretenue de Self à Self. La pratique repose sur l’établissement d’une relation entre le Self du client et ses parties à partir de laquelle, celles-ci vont pouvoir trouver une alternative aux situations dans lesquelles elles sont bloquées. Le point de bascule consiste dans le déchargement de l’exilé de son fardeau qui constitue en plus d’une libération une réappropriation pour lui, de ses qualités naturelles. A partir de ce changement radical, les protecteurssont en situation eux aussi de se libérer de leurs rôles forcés de protection. Protecteurs et exilés revenus à leur vraie nature, peuvent reconnaître dans le Self leur leader naturel et lui faire confiance. Cette confiance retrouvée est la marque du Self Leadership qui se manifeste dans la vie de la personne par une expression plus marquée des qualités naturelles du Self comme l’harmonie, le sentiment d’unité intérieure, la plus grande capacité à faire preuve de compassion.