Brigitte ORIOL

Psychothérapeute, assistante d’Alice Miller depuis 1999

 

 

 

 

Tout a commencé il y a 20 ans dans une association d’aide à l’allaitement où je suis devenue animatrice de groupe de mères.
Ayant reçu moi-même beaucoup d’aide comme jeune maman en difficulté pour allaiter, je me suis sentie investie à mon tour pour accompagner les femmes dans la réalisation de leur projet d’allaitement.
Très vite, je me suis passionnée pour la relation parent/enfant et pour l’importance du lien de proximité, car ce qui pouvait sembler naturel pour certaines mères, ne l’était pas forcément pour moi ou d’autres, alors mes recherches sur ce sujet étaient sans limite.

J’avais besoin de comprendre pourquoi la majorité des femmes avaient tant de difficultés à être en lien affectif avec leur enfant et ce, malgré la volonté de vouloir mettre en pratique un maternage respectueux et bienveillant de ses besoins.
Comme cela dépassait largement le cadre de l’allaitement, j’ai dû prendre une autre direction après sept ans de service au sein de cette association.

J’ai tout d’abord fait la rencontre de Jacques Salomé avec qui j’ai fait une Formation en Relations Humaines pendant quatre ans à l’Institut ESPERE qui m’a beaucoup servi en matière de communication et d’identification de la place que j’occupais dans mes relations aux autres. Egalement une formation de formateur m’a permis d’animer des groupes de communication et de résolution de conflit intrafamiliaux.
Je ne me doutais pas encore que je n’avais connu qu’une infime partie de moi-même mais cela m’a permis d’aller plus loin et de faire la connaissance d’Isabelle Filliozat avec qui j’ai découvert le monde des émotions. Un grand bouleversement pour moi qui m’appliquais si bien depuis des années à les supprimer pour ne faire la place qu’à la soumission ou la violence.
Ce travail avec Isabelle m’a amenée en parallèle à faire un travail de psychothérapie individuelle hebdomadaire ponctué de multiple séminaires basés sur le travail et la décharge émotionnelle et ceci pendant plus de 4 années.
Ce travail combiné avec celui d’Isabelle a été ensuite la base de toutes mes recherches, il a duré le temps de plusieurs séminaires où enfin, j’ai eu la connaissance de moi-même, je me suis rencontrée et surtout, je découvrais qui j’étais vraiment.
Pendant tout ce temps, j’animais des groupes d’adultes, où les personnes pouvaient s’exprimer dans leurs difficultés relationnelles avec les enfants quelque soit leur âge.
Jusqu’au jour où j’ai eu l’immense chance de rencontrer Alice Miller, il y a quinze ans. Alice Miller a été à la fois mon enseignante et mon superviseur et c’est dans notre complicité quotidienne que je pouvais mettre en pratique cet apprentissage qui me poussait à aller au plus près de moi-même.

Cette rencontre a été de la plus grande importance pour moi, tous les maillons qui me manquaient pour désamorcer mes comportements excessifs, je les ai trouvés dans notre travail. J’ai pu enfin y mettre un terme dès lors que je savais réellement où ils avaient pris racine et que je n’attendais plus rien de ceux qui avaient tenté de transformer ma nature.
En devenant ensuite son assistante en 1999, j’ai appris à ses côtés ce que je n’aurais jamais espéré dans aucune école de psychologie. Pendant quatre ans, je recevais des groupes d’enfants de 8 à 12 ans de parents conscients de ne pas leur donner le meilleur, mais qui étaient dans une volonté de les traiter sans violence.
Alice était très intéressée par ce travail, car les enfants avaient la chance de s’exprimer tout à fait librement sur leurs vrais sentiments.
En 2005, nous décidâmes d’ouvrir une rubrique courrier sur son site, je m’occupais des lettres en français et Alice, anglais/allemand. Cette chronique était destinée à tous ceux qui voulaient témoigner sur leur enfance et cette initiative fut un véritable succès. Les lecteurs d’Alice Miller avaient trouvé le lieu où ils seraient entendus dans leur souffrance sans minimiser leur vécu et sans les endormir avec la morale ou le pardon.
En même temps, je pratiquais les consultations des particuliers en cabinet et en avril 2010, la rubrique courrier fut suspendue avec le décès d’Alice.

J’ai décidé aujourd’hui de poursuivre l’enseignement d’Alice par le biais des conférences pour que continue à briller l’espoir qu’un jour son message sera entendu : La maltraitance des enfants a des conséquences dramatiques sur le bon développement de leur croissance et de l’adulte en devenir.

 

 

 

Elle travaille exclusivement avec les travaux d’Alice Miller

Alice Miller a exercé la profession de psychanalyste pendant 20 ans à Zurich. Vingt années où elle a regardé des êtres nier les traumatismes de leur enfance, idéaliser leurs parents et se défendre par tous les moyens contre la vérité de leur enfance.
Lorsqu’elle a voulu faire part de ses observations à ses confrères, elle s’est heurtée au même mécanisme d’idéalisation des parents, d’auto-accusation et d’aveuglement, y compris lorsqu’il s’agissait des pires sévices.
Même si ses deux analyses ne lui ont apporté aucun éclaircissement sur son enfance, c’est tout de même grâce à la deuxième qu’elle commence à peindre vers l’âge de 50 ans. C’est par sa peinture qu’elle retrouve les traces des terreurs de son enfance et les souffrances que lui avait causé la cruauté de sa mère qu’elle n’avait pas perçue pendant ses longues années d’analyse. En découvrant ces terreurs et ces souffrances, elle écoutait différemment ses patients et constatait que tous avaient été des enfants abusés et qu’ils ne voulaient pas le savoir.
C’est dans sa thérapie avec Konrad Stettbacher qu’elle trouve et met à jour les évènements qui suscitaient chez elle des sentiments douloureux au travers de ses tableaux.
Plus elle essayait de comprendre et justifier ses parents, moins elle se comprenait elle-même et plus elle s’éloignait de sa propre souffrance. Sans rien ressentir personne peut arriver à se comprendre. Quand elle a cessé de s’attribuer la culpabilité de sa souffrance et qu’elle s’est plus intéressée à son malheur qu’à celui des autres, alors elle a commencé à éprouver la souffrance qui lui avait été infligée.
Plus elle découvrait l’enfant en elle, plus elle était sensible à l’enfant blessé qui parlait en chacun de ses patients. Quand ils tentaient de supprimer l’enfant en eux en prenant la défense de leurs parents, avec constance elle soutenait l’enfant qui avait souffert et qui demeurait encore en eux.
Elle a tout essayé pour transmettre ses découvertes et convaincre ses pairs, mais en vain, elle décide alors de quitter la « Grande Institution » pour se consacrer à ses recherches sur l’enfance. Elle démontre l’imposture de la théorie des pulsions et le complexe d’Œdipe qui sont fabriqués de toute pièce dans le seul but de protéger les parents, comme Freud lui-même l’avait fait pour ne pas exposer son propre père qui avait fait de lui son objet sexuel.
Elle réagit énergiquement à l’hypothèse de Freud selon laquelle, l’enfant construirait un fantasme dans lequel il se voit violé par l’adulte. Pour elle, l’enfant est réellement victime d’agressions commises par l’adulte, qui se venge sur lui de ses propres frustrations.
Au travers de son œuvre, elle révolutionne le monde de l’éducation et réveille le monde de la thérapie sans aucune théorie, en parlant seulement des faits. « On n’a pas besoin de théorie si on ose voir la réalité de notre enfance dont nous avons eu l'habitude de nier la vérité et c'est pourquoi on a crée de plus en plus de théories absurdes.
Tout ça pour ne pas souffrir de sa propre enfance !!! ».
Elle écrit son premier livre : « Le drame de l’enfant doué » en 1979 qui est traduit en français en 1983 et qui devient un Best Sellers.
Alice ne veut et ne peut se contenter de l’activité de l’écriture qui, selon elle, l’aurait protégée des angoisses que déclenchait parfois en elle le contenu de ses tableaux.
Alors, tout en privilégiant sa peinture, qui est sa véritable source d’inspiration, elle écrit au total 13 livres, qui seront traduits en trente langues dans le monde entier, sur les causes et conséquences des mauvais traitements infligés aux enfants, mauvais traitements qui sont à ses yeux la cause de la destruction et de l’autodestruction qui se manifeste plus tard chez l’adolescent et l’adulte.
Elle démontre avec limpidité que notre corps ne peut pas être trompé par des arguments intellectuels comme le Quatrième Commandement : « Tu honoreras ton père et ta mère » et que l’on ne peut pas se libérer de nos souffrances en nous offrant le pardon en guise de remède.
Le pardon nous impose de rester dans le déni de ce qui a mutilé notre vie et nous empêche de reconstruire notre dignité d’être humain sensible. Cette polémique du pardon a suscité bien des débats dans le monde de la thérapie, beaucoup de confusion et d’interprétations règnent encore aujourd’hui autour de ce thème, qui provoquent une méfiance pour les travaux d’Alice Miller.
Toujours avant-gardiste, elle crée son site en 2005 où elle publie des articles, des tracts, des interviews et aussi, répond en direct aux questions des lecteurs. Elle écrit des lettres urgentes aux Papes Jean-Paul 1er et Jean-Paul 2, au Président Bush et aux divers gouvernements sans recevoir de réponse.
Aucune miséricorde, dit-elle, pour les enfants maltraités chez les DEUX Papes qu’elle a informés elle-même sur les effets désastreux des châtiments corporels exercés aux petits enfants.
Avant de mourir, elle se demandait combien de générations faudra-t-il encore pour que l’on comprenne ses travaux et que l’on prenne au sérieux les conséquences de la maltraitance sur les enfants qui sont le reflet de l’état de santé de l’humanité.

 
Cécile Meignant©2012 Haut de page