Psychologue clinicienne et psychothérapeute ICV et EMDR certifiée, Joanna Smith travaille depuis 15 ans à l’Antenne de Psychiatrie et de Psychologie Légales (92, Dr Coutanceau) auprès d’auteurs de violences sexuelles (prévention de la récidive) mais aussi de victimes de traumas. En parallèle, elle exerce la psychothérapie individuelle et de groupe en psychiatrie adulte dans le même service, et en libéral à Paris.

Elle a effectué un DEA sur l’évolution de pédophiles, en cours de thérapie, évaluée à l’aide du test de Rorschach.

Joanna Smith enseigne à l’Ecole de Psychologues Praticiens. Elle est responsable pédagogique des stages portant sur la maltraitance, les violences et la perversion à l’AFAR (formation de personnels soignants).

Elle a co-dirigé, chez Dunod, La violence sexuelle (2010), Violence et famille (2011), Trauma et résilience (2012) et Troubles de la personnalité (2013), ouvrages traitant notamment de la dissociation traumatique en victimologie et criminologie et de son traitement.

 

La dissociation structurelle, bien que fréquente, est un phénomène clinique encore peu connu et actuellement souvent non diagnostiqué. Il s’ensuit des erreurs d’orientations et de prises en charge, dommageables pour le patient, notamment dans certains troubles de la personnalité (borderline par ex.) et dans les cas de traumas précoces et répétés (maltraitance, négligences, carences précoces par exemple).

En effet, si la dissociation péri-traumatique (ayant lieu au moment de l’événement traumatique) est bien connue et identifiée (déréalisation, dépersonnalisation, etc.), la dissociation structurelle qui peut s’ensuivre est méconnue. Elle se différencie de la dissociation schizophrénique, et se caractérise par un enkystement des phénomènes dissociatifs péri-traumatiques dans la construction de la personnalité : certains réseaux neuronaux (avec leur charge émotionnelle et corporelle) restent isolés des autres de façon chronique, car trop porteurs de stress et non « intégrables » au reste du fonctionnement psychique. Ils se comportent comme des bombes à retardement en puissance, notamment sur le plan émotionnel, car ils sont susceptibles de prendre le contrôle suite à une réactivation post-traumatique très vivace, de façon irrationnelle et souvent destructrice (pour les autres, pour le patient lui-même) : passages à l’actes, attaques de panique, troubles anxieux divers et tentatives de colmater l’anxiété par un recours à des toxiques ou à des comportements compulsifs. Salmona (2009) décrit ces comportements qui surviennent sous le coup d’une réactivation post-traumatique sous l’appellation de « conduites dissociantes ».

Néanmoins, si la dissociation est si difficile à identifier pour le clinicien non averti, c’est parce qu’elle se manifeste souvent au quotidien (en-dehors des crises) par une anesthésie émotionnelle ne permettant pas toujours facilement le repérage des origines traumatiques de la symptomatologie. L’anesthésie émotionnelle, sectorisée ou généralisée, permet en effet de se prémunir contre le risque d’hémorragie émotionnelle qui survient lors d’une réactivation symptomatologique.

À la lumière de cette définition de la dissociation structurelle, nous revisiterons la clinique afin d’y repérer les symptômes de réactivation post-traumatique d’une partie dissociée du Soi (troubles anxieux divers, attaques de panique…), ainsi que les tentatives de contrôle qui en résultent (toxicomanie, alcoolisme, troubles du comportement sexuel, alimentaire, passages à l’acte, etc.).

Nous éclairerons également la question de l’origine des tendances dissociatives dans l’histoire du sujet, afin de mettre en évidence les éléments fondamentaux à explorer lors de l’anamnèse dans l’objectif d’identifier les patients les plus à risques de présenter des troubles dissociatifs et nécessitant une prise en charge spécifique. En effet, la dissociation structurelle nous semble être à penser comme une problématique de la construction des capacités de pare-excitation et de régulation émotionnelle, telles qu’elles commencent à être mises en place dans les interactions mère-enfant dès les premiers mois de la vie. Nous en tirerons des pistes de traitement, qui seront approfondies par d’autres intervenants lors de la seconde journée du colloque.

Joanna Smith

 

Psychologue clinicienne, victimologue,

praticienne EMDR et ICV

 

>>>Télécharger le document papier de l'intervention>>>