arraignee
colloque2015

Chef de file de la clinique transculturelle en France, Professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Université de Sorbonne Paris cité, chef de service de la Maison des adolescents de l’Hôpital Cochin, Maison de Solenn, www.maisondesolenn.fr, psychothérapeute et psychanalyste.A créé les consultations transculturelles pour les enfants, les adolescents et leurs familles à Avicenne et à Cochin. Dirige plusieurs diplômes universitaires de psychothérapie transculturelle à l’Université Paris Descartes. Directrice de laRevue transculturelle, L’autre, Cliniques, Cultures et Sociétés, www.clinique-transculturelle.org/ Plus d’informations : www.marierosemoro.fr

 

Bibliographie
Les ados expliqués à leurs parents. Paris, Bayard, 2015, Je vous écris de... Correspondances entre Marie Rose Moro et Claire Mestre, Grenoble, La Pensée sauvage, 2014. Baubet T, Moro MR (Eds), Psychopathologie transculturelle. Paris : Masson ; 2009. 2ème éd en 2013. Les enfants de l’immigration, une chance pour l ‘école, Paris, Bayard, 2012 (entretien avec D et J Peiron), Marie Rose Moro, Nos enfants demain. Pour une société multiculturelle. Paris, O Jacob, 2010, Aimer ses enfants ici et ailleurs. Histoires transculturelles. Paris, Odile Jacob, 2008.Moro MR, De la Noë Q, Mouchenik Y. (Eds), Manuel de psychiatrie transculturelle.Travail clinique, travail social. Grenoble : La Pensée sauvage ; 2004.
La revue transculturelle L’autre : www.revuelautre.com

 

Filmographie
Laurence Petit Jouvet (réalisatrice) J’ai rêvé d’une grande étendue d’eau. Paris, 2008. DVD multilingue en français, espagnol, allemand, portugais, italien, Abacaris Films : http://www.abacaris-films.fr/detail_dvd.php?film=15 ou disponible sur Amazon.

 

 

 

 

 

Tél. : 33 (0)1 44 05 95 50 - Fax : 33 (0)1 45 44 62 34
contact@ff2p.fr - www.ff2p.fr - www.colloques-ff2p.com

Marie Rose Moro

pédopsychiatre, psychanalyste, écrivain

 

La peur de l’étranger

« Je reviens à l’exemple des langues. Le problème n’est pas de créer un espéranto. C’est d’être polyglotte, c’est-à-dire de pratiquer, d’habiter plusieurs maisons de langage. On a là un modèle d’hospitalité: l’hospitalité langagière. Recevoir la langue étrangère chez soi, et habiter la langue de l’autre. Politiquement, c’est très important, cela entraîne le droit d’être reçu dans tout pays, non comme l’ennemi mais comme un ami parce que justement l’hospitalité n’annule pas la différence  (Ricoeur, 1998)

Dans le développement des enfants, en clinique comme dans la société, « l’étranger est une sorte de place vide » comme le dit Ricoeur (1998) où se projettent nos fantasmes et nos peurs. Aujourd’hui dans notre société cela concerne aussi bien les migrants que leurs enfants ; c’est en partant de la clinique des enfants de la deuxième génération et en particulier des adolescents que nous montrerons l’importance de bien reconnaître ces contre-transferts négatifs ou ambivalents face à la diversité et aux différences.

Nous montrerons la nécessité d’analyser de manière spécifique les besoins des enfants de la seconde génération de migrants en Europe et de leurs parents, pour mieux les comprendre et les aider à l’école, dans les institutions, en clinique, dans la société. Pour se faire, nous utiliserons le corpus de recherche et la méthodologie de la psychothérapie transculturelle qui s’est développée depuis une trentaine d’années en Europe et au Canada. La méthodologie est dite complémentariste car elle utilise de manière obligatoire, mais non simultanée, l’anthropologie et la psychanalyse pour analyser le fonctionnement intrapsychique des adolescents, leurs modalités intersubjectives, leur fonctionnement familial et le contexte sociétaldans lequel ils évoluent – c’est-à-dire la manière dont la société d’accueil de leurs parents les voit avec ses préjugés et ses peurs. Nous proposerons l’hypothèse que ces enfants de migrants à l’adolescence traversent une période de grande vulnérabilité liée à la situation transculturelle et aux conflits identitaires qu’elle génère. La complexité de la construction adolescente est ici potentialisée par la situation transculturelle qui multiplie les images identificatoires de ces adolescents et parfois les oppose. Les images parentales, d’une part, et celles qui appartiennent à cette société d’origine des parents et d’autre part, celle de la société d’accueil véhiculée par le quartier, l’école et les médias. Or sur le plan intrapsychique, les adolescents doivent trouver un métissage qui leur permette de concilier leur filiation et les affiliations multiples issues de cette situation transculturelle qui multiple leurs appartenances et leurs aspirations parfois transnationales. C’est là leur destin et ce sont ces phénomènes complexes qui doivent être pris en compte pour leur permettre d’être des adolescents, fiers et heureux de devenir des adultes, des adolescents, tout simplement.

Se soucier de maintenir tous les enfants et les adolescents à l’intérieur du lien fraternel et social est une nécessité d’aujourd’hui et de demain pour éviter la fascination par nos adolescents d’idéologies meurtrières et de la violence destructrice.

Pour les thérapeutes et la société, il s’agit de faire des différences une nouvelle chance de rencontre, d’aller vers une société et une psychothérapie polyglottes.

<<< VOIR LA VIDEO