Brigitte ORIOL

psychothérapeute,

assistante d'alice miller depuis 1999

       
       
               
                   
 

Psychothérapeute
Assistante d’Alice Miller depuis 1999
Elle travaille exclusivement avec les travaux d’Alice Miller

 

 

 

C’est en mémoire à Alice Miller que j’ai choisi de lui rendre hommage en parlant d’un outil essentiel qu’elle nous a donné pour la thérapie, c’est l’indignation qui peut permettre à nos patients de les sortir du silence dans lequel ils se sont emmurés, pour certains, depuis leur plus jeune âge.

Bien que nous sachions depuis trois décennies maintenant que les enfants frappés, frapperont à leur tour, cela n’alerte pas plus l’opinion publique. Bien au contraire, sans nous poser la moindre question, nous continuons à agresser nos enfants à coup de fessées, de gifles, de toutes sortes d’humiliations et de tortures sans susciter la moindre indignation.

On peut se révolter contre l’exploitation des enfants à la prostitution, contre la barbarie sur les animaux mais pas sur la maltraitance des petits enfants. Durant toutes ses années de recherches, Alice Miller en est arrivée à la conclusion que la majorité d’entre nous avons été des enfants maltraités et que nous avons dû apprendre très tôt à le refouler pour pouvoir survivre. Nous n’avions pas d’autre choix que de nous convaincre que ces traitements étaient non seulement mérités mais aussi nécessaires pour ne pas devenir des monstres dangereux.

Quand nous sommes façonnés par une éducation qui n’a eu de cesse d’endommager notre cerveau pour nous rendre totalement dépendant des attentes et de la propre enfance de nos parents, nous perdons à tout jamais notre capacité d’empathie et enregistrons à la place des informations totalement erronées. C’est pourquoi nous entendons les sempiternels refrains : « Mes parents ont fait ce qu’ils ont pu - Heureusement que j’étais corrigé parce que j’étais un enfant terrible ». De cette façon, il devient évident que l’on ne puisse pas s’indigner devant les mauvais traitements que l’on fait subir à un enfant car nous avons appris à nous couper, jadis, de la douleur causée par les humiliations pour faire la place à la compréhension des parents et l’amour que tout enfant s’évertue à leur donner en se mettant au service de leur bon vouloir.

Cette dynamique de déni se retrouve dans de nombreuses pratiques thérapeutiques qui visent à comprendre l’histoire de ses parents ou encore à oublier le passé, à chercher les racines de sa souffrance ou de sa maladie dans l’histoire de ses ancêtres, sans oublier le pardon qui témoigne, selon certains, d’un niveau spirituel élevé ou de l’accomplissement de sa guérison.
Ainsi, on maintient son patient dans le mensonge en le gardant à distance de la réalité douloureuse de son enfance, on l’empêche de se libérer des souffrances du passé qui le tiennent enfermé dans la dépression et la maladie et on nourrit grassement le cercle vicieux de la violence.
Certains illustres psychiatres, psychologues refusent de voir le sadisme chez les parents et enrichissent même les magazines d’idées pour savoir comment punir les enfants. Il est plus confortable de croire que l’enfant est mauvais en soi que d’admettre que les parents se vengent inconsciemment de leur passé en martyrisant leur enfant.

Depuis la création du site d’Alice Miller, nous recevions des dizaines de lettres par mois nous demandant l’adresse d’un « bon » thérapeute, un qui n’aurait pas peur d’entendre leur histoire et la prendrait vraiment au sérieux. Après en avoir consulté plusieurs en vain, une grande majorité d’entre eux ont préféré renoncer à leur recherche pour s’appuyer sur les livres d’Alice et la rubrique courrier.
Les thérapeutes aussi ont été probablement victimes de mauvais traitements et n’ont peut être pas eu la chance de découvrir leur souffrance refoulée avec un thérapeute qui se plaçait sans réserve du côté de l’enfant qu’ils furent et se retrouvent ensuite dans l’incapacité de manifester la moindre réaction devant les récits souvent tragiques de leur client.
Ce colloque est peut être l’occasion de s’interroger sur son positionnement, à savoir si je suis un témoin éclairé, qui peut supporter la vérité de la prime enfance ou si je protège les parents.

     

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