Marie-Louise VERDIER-MARTINEZ

professeur en sciences de l'éducation

         
       
               
                   
 

Bibliographie

Durkheim, É. (1930, 1999) Le suicide, Paris, PUF.
Durkheim, É. (1930, 1998) De la division du travail social. Paris, PUF.
Durkheim, É. (1968) Les formes élémentaires de la vie religieuse. Paris, PUF
GIRARD, R. (1961)  Mensonge romantique et vérité romanesque, Grasset.
GIRARD, R. (1972)  La violence et le sacré, Grasset.
GIRARD, R. (1978)  Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset.
GIRARD, R. (1982)  Le bouc émissaire, Grasset.
GIRARD, R. (1990)  Shakespeare : les feux de l'envie, (traduit de l'anglais par Bernard Vincent), Grasset.
GIRARD, R. (1994)  Quand ces choses commenceront, entretiens avec Michel Treguer, Arléa.
GIRARD, R. (1999)  Je vois Satan tomber comme l’éclair  Grasset.
GIRARD, R. (2004) Les origines de la culture  Desclée de Brower
GIRARD, R. (2007) Achever Clausewitz. Carnetsnord
Martinez, M-L (1997) Violence et réduction de la violence en éducation ; Contribution à l’étude de quelques concepts pour une anthropologie relationnelle de la personne en philosophie de l‘éducation, Septentrion
Martinez, M-L coord. (2004) Approche Anthropologique en éducation et en formation, N° 23 de la Revue TREMA, IUFM de Montpellier, et (2005) Approche (s) Anthropologique(s) des savoirs et des disciplines, N° 24 de la Revue TREMA, IUFM de Montpellier
Martinez, M. L. (2007) "Pour en finir avec le XXe siècle et ses éternelles adolescences, un roman d'éducation pour le troisième millénaire" in Le Télémaque, N° 32, L'imaginaire et l'enfant, Université de Caen ; pp. 93-110
Martinez, M. L. (2009) "Crise d'adolescence, crise des différences ; approche anthropologique des violences éducatives" ; Revue Enfance et psy, n° 46 ; pp. 157-16
MAUSS M. (1950, (8° ed. 1999) Sociologie et Anthropologie, PUF
MAUSS M. (1968) Œuvres ; 1 Les fonctions sociales du sacré. Ed. de Minuit
MAUSS M. (1969) Œuvres ; 2 Représentations collectives et diversité des civilisations. Ed. de Minuit
MAUSS M. (1969) Œuvres ; 3 Cohésion sociale et divisions de la sociologie. Ed. de Minuit

 


Biographie :

Marie-Louise Martinez-Verdier ; (marie.louise.martinez@gmail.com)
est enseignante chercheure en sciences de l'éducation à l'Université de Nice Sophia-Antipolis, IUFM

 

En tant qu'enseignante :

-Elle travaille dans la formation d'enseignants du premier et du second degré depuis 1985.
Elle enseigne à l'Université de Nice (IUFM) et au département de sciences de l'éducation de l'Université de Provence

-Elle est responsable d'un département consacré à l'aide aux élèves en difficulté et en situation de handicap et d'une spécialité de Master (Education vie scolaire et situations de handicap)

 

Ses activités de recherche ont en lien avec 2 unités de recherche :

-L'équipe d'accueil : Interdidactique et didactiques des disciplines et des langues : I3DL
à l'Université de Nice-Sophia Antipolis, IUFM, (Responsable : Nicole Biagioli)

-et l'Unité Mixte de Recherches UMR P3 ADEF « Apprentissage, Didactique, Evaluation, Formation », INRP & Aix-Marseille Université. (Responsable :Alain Mercier)

-elle participe à une recherche soutenue par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche) sur l'éducation au développement durable et à l'écocitoyenneté (2008-2012)

 

Axes de recherche : Approche anthropologique en éducation,

Construction d'un modèle, en deux volets :

A) Une approche socio-anthropologique pour la déconstruction de la crise et de la violence en éducation et dans la société.

Le modèle recontextualisé pour examiner les situations éducatives actuelles est inspiré par la théorie mimétique de René Girard dans l'articulation épistémologique avec l'anthropologie du symbolique conçue par Emile Durkheim et Marcel Mauss. Ce modèle a déjà donné lieu à une thèse en 1996, quelques ouvrages et une trentaine d'articles scientifiques. Aujourd'hui encore, il est convoqué pour déconstruire la violence en éducation, dans la famille, la cité, la pénalisation, la crise écologique, les discours du développement durable, etc. Il procède à partir de l'analyse théorique de situations, de discours sociaux, de discours littéraires (exemple d'ouvrages de la littérature de jeunesse, comme Harry Potter, etc.)

B) Une approche anthropologique et interlocutive de la construction d'identités différenciées, en éducation et en formation.

L'issue éducative aux deux impasses violentes que constituent la crise indifférenciée actuelle ou la différenciation ségrégative qui se manifeste par le retour de l'exclusion, consiste dans la co-construction de significations (savoirs) et d'identités dans les interactions langagières, c'est-à-dire par une différenciation qualitative et non inégalitaire. Les processus interlocutifs de la construction identitaire sont étudiés, à partir d'un recueil empirique de corpus de données langagières, orales ou écrites. Dans l'activité éducative et didactique, sont observés les processus de la construction d'identités épistémiques ou éducatives (élève, personne, citoyen, écocitoyen). Dans l'activité formative et professionnelle, sont observés les processus de construction d'identités sociales et professionnelles (métiers de l'enseignement, de la formation, de l'accompagnement, de l'animation environnementale, etc.)


 


 


La violence ordinaire au cœur du processus éducatif dans l'hypermodernité avancée ; Eclairage de l'approche anthropologique

 

sur les dimensions didactique, pédagogiques et éducative de l'école

Les tentations récentes au retour de l'autoritarisme et au tout répressif semblent une erreur éducative, psychologique, sociétale, anthropologique et politique, elles sont contre-productives et ne peuvent que perpétuer les cycles de la violence et du sacré (Girard, 1972). Elles restent cependant tristement banales à la lumière historico-critique et anthropologique de la violence ordinaire faite aux enfants.

Dès lors il est indispensable de comprendre les processus et d'envisager des alternatives satisfaisantes pour la relation éducative et intergénérationnelle comme pilier de l'ontogenèse, de la sociogenèse et de l'anthropogenèse.

Les analyses de l'anthropologie mimétique de René Girard, nous amènent à voir les grandeurs et les misères de l'immaturité de l'homme et de sa longue enfance. L'humain est plus démuni que les autres animaux et sa longue promiscuité mimétique avec l'adulte et sa dépendance au social, pendant l'enfance et au delà lui confèrent plus de forces et de fragilité. Si la mimésis désirante qui tourne l'enfant vers les parents, les proches est une chance pour l'apprentissage, la transmission et l'évolution elle est aussi source de fragilité par les caractéristiques rivalitaires du désir mimétique.

La socio-anthropologie du sacré d'Emile Durkheim ou de Marcel Mauss nous permet, de déconstruire la permanence d'une relation ambivalente et violente de l'adulte à l'égard de l'enfant, a fortiori de l'adolescent. Nous esquisserons la morphogenèse de l'éducation comme institution fondée sur le sacrifice de l'enfant (victime propitiatoire dans la plupart des cultures), son évolution dans les rites de passage et d'initiation (Van Genepp ou Durkheim des Fondements de la vie religieuse), vers une éducation animée par l'idéal moderne de sortie de la violence et de l'autonomisation.

La Convention internationale des Droits de l’enfant, au terme d’un long processus historique, appelle à renoncer aux violences physiques et morales à l’égard des enfants. Cela est incontestablement un immense progrès, les châtiments corporels doivent être interdits à l’école et même dans la famille, il n’y a pas de taloches ni de fessées innocentes, elles sont toujours signe d'une défaite éducative. Cela devrait pouvoir être entériné par les lois françaises.

Mais refuser toute violence éducative n’est pas renoncer à toute forme d’autorité, bien au contraire. Par une sorte de confusion, l’autorité elle-même a été discréditée, or sans autorité légitime et bienveillante l’enfant ou l’adolescent roi devient proie et ne peut pas accéder à une autonomisation solidaire.

J'évoquerai la situation paradoxale de l'actuelle hypermodernité où les valeurs mêmes de liberté, d'égalité, d'autonomie ou d'individu semblent s'être affolées pour devenir contre-productives.

Je développerai l'hypothèse selon laquelle c'est la méconnaissance ou le déni de la réalité mimétique de la relation et de la nécessité de rites et d'interdits (ou de leur équivalent moderne) dans toute socialisation qui conduisent aux impasses ou aux régressions actuelles.

Quelles seraient, dès lors, les conditions de possibilité d'une éducation et d'une relation à l'enfance refusant radicalement toute violence physique et ordinaire ?

J'en vois essentiellement 3 qui contraignent l'adulte :

La dimension didactique

-transmettre en favorisant l'accès aux savoirs et l'intelligibilité des processus anthropologiques et écologiques

La dimension pédagogique

-accompagner le processus d'émergence de l'enfant et sa différenciation qualitative comme personne à travers un projet personnel et professionnel

La dimension éducative

-accompagner le processus d'émergence de l'enfant vers une socialisation respectueuse de l'autre dans son identité et son altérité et de l'interdépendance à l'autre comme humain et comme milieu environnant

Ces trois dimensions sont très imbriquées entre elles, elles obligent l'adulte et la société à une attitude de réserve et d'autolimitation, de rigueur et de don oblatif.

 

Conclusion

La relation éducative a trop longtemps été fondée sur l'éviction du tiers, sans doute par la méconnaissance des processus psycho-relationnels et sociaux : l'immature indifférenciation mimétique, la répétition des agressions et transgressions subies.

On peut assumer l'immense immaturité et néoténie de l'humain avec ses processus de mimésis désirante et ses conséquences ambivalentes autour d'un principe d’engagement et d'autonomisation réciproque. Celui-ci implique l'aveu d'interdépendance avec la famille, les autres institutions et le politique, mais dans une réciprocité indirecte (Mauss, 1969, 17) et intergénérationnelle, de dons et contre dons croisés qui permettent de devenir pleinement membre d'une communauté humaine, mais aussi personne, semblable aux autres mais unique, autour de la triple obligation de donner, de recevoir et de rendre.

     

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