La FF2P a décidé d’organiser cette année un CONGRES RESIDENTIEL non loin de Paris, plutôt qu’un colloque comme elle le faisait chaque année depuis sa création, il y a bientôt vingt ans. Ce congrès, le premier du genre, aura pour but de rendre compte de la dimension fédératrice de notre association qui regroupe des instituts de formation à la psychothérapie, des associations professionnelles et des praticiens individuels. Il sera ouvert, néanmoins, à toute personne non membre de la FF2P qui souhaiterait partager ce temps fort de réflexion et de travail autour des concepts d’identité et d’appartenances d’une part, et sur les conséquences des profondes mutations de notre société, d’autre part.
L’objectif de ce congrès sera, non seulement de rassembler et mobiliser les énergies afin de vivre un sentiment d’appartenance à une même profession, mais aussi de se plonger dans des perspectives transdisciplinaires qui nous éclaireront sur les défis que notre monde en mutation lance aujourd’hui aux praticiens de la psychothérapie.
Il y a maintenant un peu plus de quatre ans que les décrets d’application de la loi « Accoyer », votée en 2004, sur l’usage du titre de psychothérapeute, ont engendré une confusion sur l’identité et la spécificité même du métier de praticien de la psychothérapie. Plus que jamais, il nous paraît donc essentiel d’expliciter ce qu’est la psychothérapie et qui en sont les praticiens. Dans une société qui a besoin de ces praticiens d’une manière grandissante, la FF2P œuvre à l’établissement d’un professionnalisme reconnu. En voulant créer un statut du psychothérapeute à partir des seuls critères universitaires, le législateur ignore l’essence expérientielle de la psychothérapie et prend le risque d’inscrire cette pratique vers un formalisme théorique privé de sa pertinence et de son efficacité. Dans ce contexte législatif, comment faire reconnaître la place de ces praticiens d’une psychothérapie pourtant encadrée par des règles de formation rigoureuses, tant académiques qu’expérientielles, que par un code de déontologie précis, tant dans ses définitions que dans son application ? Ces questions seront posées au cours de ce congrès, à l’occasion de plusieurs interventions en conférences plénières, d’un Open Space et autour de tables rondes.
Cet Open Space sera un espace de réflexion collective et créative dont l’objectif est de nous amener à définir l’avenir que nous souhaitons à la psychothérapie et à ses praticiens. Il posera les bases et les grandes lignes de travail que nous explorerons lors des Etats Généraux de la psychothérapie des 30 et 31 janvier prochains.
La responsabilité des praticiens de la psychothérapie est devenue déterminante dans une société où la perte des repères structurants crée de plus en plus d’effondrements psychiques. Ces profondes mutations bousculent nos identités et nos appartenances en portant atteinte aux valeurs d’humanité qui fondent la construction de notre psychisme et de notre vie sociale. Le nombre de personnes en grande souffrance psychologique s’accroît incontestablement dans une société qui privilégie des réponses d’ordre psycho pharmacologique. Si cette option est parfois nécessaire, nous pouvons nous inquiéter de la voir se généraliser au point qu’une personne sur quatre prend ou prendra des psychotropes au cours de l’année. Or nous savons qu’un médicament n’a jamais résolu un problème psychologique.
Cette question est d’une importance extrême car il en va de la santé mentale de nos concitoyens à tous les niveaux de la société : éducatifs, professionnels ou familiaux. Les praticiens de la psychothérapie se doivent d’assumer pleinement leur rôle dans la protection et la restauration du lien humain qui doit demeurer aux fondements de toutes nos relations. Devant le constat de la fragmentation des liens sociaux, les professionnels de la psychothérapie savent combien une relation empathique, alliée à une compétence thérapeutique, peut restaurer nombre de personnes dans leurintégrité psychique, soulager les maux et permettre à chacun de devenir ou redevenir sujet de sa vie et de ce monde. Chaque jour, dans nos cabinets de consultations, nous accompagnons des personnes en perte de sens ou en grande désespérance, qui, lorsque la sphère intime de leur être est rééquilibrée, peuvent à nouveau exprimer leur créativité et leurs talents et ainsi mieux s’intégrer dans le monde.
A travers les nombreux et différents courants psychothérapeutiques que rassemble la FF2P, nous défendons indéniablement des valeurs humanistes. Ce congrès a pour visée l’explicitation de ces valeurs, portées par ces courants, à l’occasion d’ateliers animés par les organismes membres. Ces ateliers, tout comme le Open Space, auront lieu, durant les deux journées de congrès, en alternance avec des conférences plénières. Comme chaque année, ces conférences offriront, en outre, une tribune d’expression à des experts reconnus dans leur domaine, que ce soit du champ psy au sens large ou de disciplines connexes. Ces experts nous permettront de poser les enjeux de notre société en mutation et de réfléchir à
la manière dont la psychothérapie peut et doit s’en saisir.
Souhaitons que ce temps de congrès résidentiel porte beaucoup de fruits tant sur le plan du sentiment d’appartenance à une profession qui tient à assumer son rôle essentiel dans un monde en profonde mutation que sur un plan plus général, ouvert à tous ceux qui cherchent à évaluer les conséquences de ces mutations sur l’évolution de notre humanité.
Michelle VINOT et l'équipe de coordination du congrès