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Discours de Maud de Boer-Buquicchio, Secrétaire Générale adjointe du Conseil de l'Europe Lors de la Cérémonie de lancement de l’initiative du Conseil de l'Europe contre les châtiments corporels infligés aux enfants Zagreb, 15 juin 2008
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Il y a longtemps, les châtiments corporels étaient très répandus, dans toutes les régions du monde et dans de nombreux milieux différents, de la prison au foyer familial, en passant par l’armée, les hôpitaux psychiatriques et même les lieux de travail ; les gens recevaient des coups pour toutes sortes de fautes, et même, parfois, quand ils n’en avaient commis aucune. Heureusement, les temps ont changé. Aujourd’hui, nous vivons dans des sociétés civilisées et humaines où il n’est plus permis à des êtres humains d’infliger des souffrances physiques à d’autres êtres humains et de les humilier ; sauf lorsqu’il s’agit d’enfants. Curieusement, ils ont été exclus de cette grande évolution humaniste et, dans de nombreux endroits, il est toujours parfaitement normal de les frapper et de leur faire subir toutes sortes d’autres violences qui conduiraient très probablement leurs auteurs en prison s’ils se risquaient à les infliger à quelqu’un de leur taille. Nous avons, par conséquent, décidé au Conseil de l'Europe de lancer cette campagne de sensibilisation destinée à protéger les enfants contre les châtiments corporels ET à battre en brèche l’idée selon laquelle l’enfant est, pour la société, un mini-être humain doté de mini-droits. Il y a beaucoup de bonnes raisons d’abolir les châtiments corporels infligés aux enfants : Les châtiments corporels font croire aux enfants que la violence est une stratégie acceptable, et même indiquée, pour régler les conflits ou amener les autres à faire ce que l’on veut soi-même. Les châtiments corporels sont inefficaces pour faire régner la discipline. L’initiative du Conseil de l'Europe vise à abolir les châtiments corporels dans tous les milieux, que ce soit l’école, le système pénitentiaire, les structures d’accueil, et, en particulier, la famille. Elle constitue aussi un prolongement concret des recommandations formulées dans l’étude du Secrétaire général des Nations Unies sur la violence contre les enfants, qui a fixé à 2009 la date butoir pour l’abolition universelle des châtiments corporels. Les fondements politiques et juridiques de notre action contre les châtiments corporels sont aussi transparents que nos raisons d’agir : La Convention des Nations Unies pour le droit des enfants, la Convention européenne des droits de l’homme, la Charte sociale européenne et la jurisprudence du Comité européen des droits sociaux, les décisions du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, les recommandations de l’Assemblée parlementaire, les arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme. Maintenant que nous savons pourquoi il faut supprimer les châtiments corporels, nous devons réfléchir aux moyens d'y parvenir. Que faut il faire ? L'abolition des châtiments corporels exige des mesures de grande ampleur dans au moins trois domaines. Les réformes juridiques constituent le premier d'entre eux. L'abolition des châtiments corporels nécessite un cadre juridique interdisant clairement ces pratiques et protégeant les enfants de tous les types d'agression, y compris dans le milieu familial. Dix-huit pays en Europe ont aboli les châtiments corporels. La Suède a été la première à le faire et l'exemple suédois est remarquable car il montre clairement, à travers toute une génération, comment la société a évolué grâce à des réformes juridiques, à des politiques visant à promouvoir la parentalité positive et à la sensibilisation du public. Cependant, contrairement à une idée très répandue, les pays scandinaves ne sont pas les seuls à avoir interdit ces pratiques par des mesures législatives. Des pays du sud de l'Europe comme Chypre, l'Espagne, la Grèce et le Portugal mais aussi l'Allemagne, les Pays Bas, la Lettonie, la Hongrie, la Croatie, l'Autriche, la Bulgarie, la Roumanie et l'Ukraine ont eux aussi interdit les châtiments corporels, rejoignant ainsi le Danemark, la Finlande, l'Islande et la Norvège. La promotion de la parentalité positive constitue le deuxième volet de notre action. La parentalité positive se réfère à un comportement parental fondé sur l'intérêt supérieur de l'enfant : elle vise à l'élever et à le responsabiliser et lui fournit reconnaissance et assistance pour lui permettre de s'épanouir pleinement. Enfin, nous allons nous attacher à mieux sensibiliser l'opinion publique. La plupart des sociétés européennes tolèrent toujours les châtiments corporels comme moyen de discipliner les enfants. Il est impératif de faire clairement passer le message selon lequel les enfants ont le droit d'être protégés de tous les types de violence et de bénéficier d'une protection égale devant la loi. Toutefois, nous ne pourrons pas accomplir cette tâche seuls. Même avec la meilleure volonté du monde et beaucoup de chance, le Conseil de l'Europe ne peut pas toucher les 800 millions de personnes qui vivent en Europe. Nous sommes extrêmement reconnaissants à l'ensemble des partenaires qui joignent leurs efforts aux nôtres pour éradiquer la violence faite aux enfants. Nous savons tout particulièrement gré aux gouvernements qui soutiennent notre initiative, notamment à la Croatie qui nous accueille, à la Suède qui préside le Comité des Ministres et à la Finlande qui apporte une aide financière considérable. Nous sommes également encouragés par la coopération avec d'autres organisations internationales comme l'Unicef, le Bureau du Haut commissaire aux droits de l'homme et d'autres encore. Nous apprécions tout particulièrement l'assistance, les conseils et le soutien de la société civile. L'aide de la Société nationale pour la prévention de la cruauté à l'égard des enfants, organisation caritative britannique, et de l'agence Saatchi et Saatchi s'est avérée déterminante pour la réalisation d'un message publicitaire télévisé. Au Conseil de l'Europe, nous aimons à dire que les droits de l'enfant nous concernent tous. Je vous invite, à présent, à regarder le spot télévisé produit en coopération avec la Société nationale pour la prévention de la cruauté à l'égard des enfants et l'agence Saatchi et Saatchi. Il véhicule un message fort et merveilleux : « les mains sont faites pour choyer, non pour châtier ». Tout est dit, je crois. Je vous remercie de votre attention. |
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Lien vers le site du Conseil de l'Europe - Châtiments corporels : Rien ne peut justifier la violence à l'égard des enfants - Discours de Maud de Boer-Buquicchio, Secrétaire Générale adjointe
Lien vers la plaquette élaborée par le Conseil de l'Europe - pour "l'abolition des châtiments corporels à l'encontre des enfants"
- "Levez la main contre la fessée" du Conseil de l'Europe
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