Jacqueline CORNET

présidente de l’association « Ni claque, ni fessée »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

             


- Docteur en Médecine
- Maître ès Sciences humaines
- Carrière de Médecin généraliste puis Médecin Chef d’un Centre Municipal de Santé
- Membre du Comité scientifique de la Société Française de Médecine Générale avec participation à des travaux de recherche en médecine générale avec l’INSERM.
- Auteur de « Faut-il battre les enfants », article publié dans « la Revue du Praticien » en 1996 à la suite d’une recherche effectuée sur 300 jeunes dans 3 centres hospitalo-universitaires et mettant en évidence les corrélations étroites qui existent entre les punitions corporelles reçues au motif de l’éducation et la multiplication des accidents et des maladies.
Publication en 1997 d’un ouvrage (Faut-il battre les enfants - chez Hommes et Perspectives) développant les conditions et les résultats de cette recherche .
- Présidente fondatrice avec Alice Miller de l’association « Éduquer sans frapper » créée en 1998 et devenue depuis 2002 « Ni claques ni fessées » (www.niclaquesnifessees.org).

 

 

Comment la France peut-elle évoluer vers plus d’empathie envers ses enfants ?


Depuis près de trente ans Alice Miller, ayant écouté avec empathie la description des violences subies par ses analysés, nous répète que beaucoup des troubles ressentis par les adultes viennent des violences subies dans leur enfance (C’est pour ton bien 1985).
 
Au cours de ces 30 années, peu à peu, les scientifiques ont confirmé ses dires et beaucoup d’États les ont écouté pour agir contre la violence éducative à la fois par une loi qui interdit l’usage des punitions corporelles et par divers moyens didactiques utilisés pour faire évoluer les comportements parentaux.
 
La France n’a pas écouté Alice Miller, ni les scientifiques, ni l’exemple des nombreux pays qui ont légiféré : nos politiques préfèrent affirmer paresseusement que les parents sont bien capables d’évoluer par eux-mêmes. Malheureusement, en trente ans, cela s’est avéré totalement faux, et chaque année, la plupart des 850.000 nouveaux petits Français entrent dans le cycle d’une éducation périmée parce que nocive.
 
Il faut donc, comme dans les pays où les résistances sont encore fortes, agir à plusieurs niveaux :
 
Continuer de faire pression auprès des politiques mais aussi de l’opinion publique, avec Edwige Antier, pour que la loi dise clairement le droit des enfants à être élevés sans violences ni humiliations. Mais les exceptions sont rares de politiques qui ont le courage de faire face à une opinion publique encore assez défavorable.
 
Obtenir de l’éducation nationale :
▪ un programme d’enseignement, au cours du secondaire, sur les bonnes conditions de gestation et de développement des petits enfants qui paraîtrait beaucoup plus utile que les longues heures consacrées à des études moins essentielles. On insisterait sur le besoin vital d’attachement du nourrisson, de sécurité, de communication non violente, de respect de ses rythmes propres de développement, de sa recherche progressive d’autonomie…
▪ une sensibilisation aux techniques de règlement non violents des conflits. Il faut féliciter la « Décennie pour une éducation à la non violence et à la paix » d’avoir insisté auprès de l’éducation nationale pour développer ces concepts, mais comme son action s’est limitée au scolaire exclusivement, on voit mal comment un enseignement de la non violence peut s’appliquer à des enfants régulièrement battus chez eux. La loi est là aussi un préalable indispensable.

Développer l’information auprès des futurs parents
▪ en couplant le suivi médical des mères gestantes et si possible de leur conjoint, avec un suivi social, psychologique et didactique assurant une bonne préparation à la parentalité. Car la parentalité, si elle subit forcément les influences  du contexte social, économique, culturel de la famille et de la personnalité de chaque enfant,, exige un minimum de valeurs incontournables, dont le respect et la non violence. (L’expérience de l’hôpital de Draguignan est remarquable dans ce domaine puisqu’il avait, par un suivi compétent, fait disparaître les décès violents d’enfants dans la première année).
▪ Une attention toute particulière doit être portée à la périnatalité. Il faut renforcer l’action de relais des PMI qui devraient, en raison des séjours devenus très brefs en maternité, prendre contact dès l’accouchement pour un suivi que l’OMS conseille de maintenir les deux premières années de la vie du bébé, avec visites au domicile familial.
▪ Il ne suffit plus d’être « suffisamment bon » : on peut être très bon et faire sauter son nourrisson en l’air pour le faire rire, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques. Il faut un minimum de compétences qui, comme nous le notions plus haut, seraient utilement apprises dès l’adolescence et renforcées dans les périodes de gestation.
▪ On pourrait aussi développer les maisons dites « Dolto » où mères et enfants peuvent très facilement trouver aide et conseils. 
Demander une meilleure formation des médecins qui, pour la plupart, ne sont pas sensibilisés à la détection des violences éducatives, que souvent même ils absolvent.
 
Agir auprès des psychothérapeutes
(comme la FF2P s’y emploie) dont un certain nombre reste attaché à des concepts dépassés tels que le vécu « fantasmatiques » des violences subies. Et multiplier les opportunités pour chaque enfant de pouvoir être entendu dans ses difficultés et les violences dont il peut être victime.
 
Obtenir des Médias la diffusion de spots tels que celui du 30 avril émis par la Fondation de l’Enfance, et une multiplication des émissions telles que « les Maternelles » (par exemple celle où Catherine Dumonteil Kremer avait été invitée). Les journalistes pourraient aussi abandonner leurs plaisanteries faciles lorsqu’ils parlent de la fessée.
Pression pourrait aussi être faite pour que les films violents ne passent pas aux heures de grande écoute.

Rappelons que toutes ces mesures sont très peu onéreuses,
ne font appel qu’à un peu de bonne volonté et seraient porteuses d’énormes économies futures, tant humaines que financières, car le coût des erreurs éducatives est lourd pour la société (services sociaux, de justice, de foyers d’accueil, de prisons, d’absentéisme, de faible productivité…).

 

 

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