Cornélia GAUTHIER

médecin psychosomaticienne, auteure de « Sommes-nous tous des abusés ? »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

             

Médecin généraliste FMH et psychosomaticienne ASMPP
Auteure de
«  Sommes-nous tous des abusées ? » et de
«  Victime ? Non, merci ! »

La doctoresse Cornelia Gauthier a étudié la médecine à l’Université de Genève où elle a obtenu le titre de généraliste FMH en 1991. Pendant sa formation post-graduée, deux ans ont été consacrés à l’alcoologie.
Elle a ensuite ouvert son propre cabinet de médecine générale et d’alcoologie et exercé en parallèle le rôle de médecin consultant en alcoologie.

Il y a douze ans, elle a entrepris une nouvelle spécialisation pour laquelle elle a obtenu en 2001 le titre de médecin psychosomaticienne ASMPP. C’est au cours de cette formation que, pour la première fois, elle a été confrontée à la problématique des abus, discipline non enseignée aux médecins pendant leur formation universitaire.
Bouleversée par la découverte de l’ampleur des dégâts, elle a alors entrepris d’importantes recherches personnelles (colloques, formations diverses, nombreuses lectures) mais également basé ce travail sur une observation précise et systématique des problématiques physiques, psychiques et comportementales de ses patients abusés.

Elle a ainsi développé un nouveau concept décrit dans son premier livre
«  Sommes-nous tous des abusés ? », suivi par un deuxième ouvrage «  Victime ? Non, merci ! ». Ce dernier décrit les troubles du comportement des victimes et leur propose des stratégies pour sortir du cercle infernal des revictimisations.

La doctoresse Gauthier pratique une prise en charge thérapeutique spécifique pour les personnes abusées. Elle enseigne également cette approche psychosomatique, et consacre une partie de son temps à la présentation de conférences et l’animation d’ateliers.

 

 

Empathie et psychothérapie

 

Mais qu’est-ce donc que l’empathie ?

Selon le dictionnaire, c’est la capacité de se mettre à la place de l'autre et de ressentir ses sentiments et ses émotions.

L’empathie représente un équilibre délicat, une juste distance à trouver entre celui qui a besoin de l’empathie et celui qui l’offre. On risque facilement de glisser dans les troubles de l’empathie. Et lorsque glissement il y a, cette situation, à l’instar d’une pièce de monnaie, présente les deux aspects d’une même problématique : les troubles de l’empathie que l’on retrouve chez le patient et ceux qui appartiennent au thérapeute. Faute de temps, il est donc nécessaire pour moi de faire un choix et c’est pourquoi, seul le deuxième aspect de la problématique sera abordé.

Les troubles de l’empathie chez les soignants peuvent bien sûr comprendre les insuffisances et les excès. Heureusement, peu de thérapeutes présentent ce manque et lorsque cela se présente, cela nous fait dire que ces personnes ne sont pas à leur place.

Par contre, pour la majorité d’entre nous les soignants motivés, le choix de nos professions d’aide n’est pas anodin et relève le plus souvent du besoin de sauver les autres de leurs malheurs. C’est donc souvent notre côté « sauveur » qui nous motive dans nos carrières professionnelles et c’est aussi lui qui sera le responsable de nos débordements d’empathie.

Evidemment, la situation idéale serait que le thérapeute sache trouver la juste distance, c'est-à-dire, être suffisamment empathique sans l’être trop.

Mais qu’est-ce donc que l’empathie ?

Cette aptitude qui demande tout d’abord de l’écoute, comporte en plus, le préfixe em et suggère ainsi un déplacement dans les émotions de l’autre. Il y a donc une part active dans l’empathie du soignant qui risque, si nous n’y sommes pas très attentifs, soit de nous entraîner dans la projection de nos propres problématiques face à ce qui survient à l’autre et donc de glisser dans une manœuvre égocentrique, soit d’aller trop loin et surtout trop vite dans toutes sortes de propositions que l’autre ne nous auras pas demandées. Ces dérapages auront comme effets secondaires d’atténuer encore nos capacités d’écoute. Ces débordements d’empathie auront donc un effet paradoxal :

Plus nous essayons de sauver nos patients, moins nous y arrivons. Les excès d’empathie nous rendent inefficaces.

Qu’est-ce qui détermine le thérapeute à pêcher par excès de zèle ?
Pourquoi le trop d’empathie poserait-il un problème ?
Est-ce un problème pour lui-même, le sauveur ?
Est-ce un problème pour le patient, la victime ?

La problématique du sauveur nous ramène à la triangulation pathologique décrite par l’analyse transactionnelle : le triangle sauveur-victime-persécuteur, triangle dans lequel le couple thérapeute-patient va alors commencer à tourner en « rond », chacun s’y déplaçant au gré des glissements de l’autre. C’est ainsi que le thérapeute-sauveur peut soudain se retrouver la victime ou que le patient-victime peut devenir le persécuteur et ainsi de suite.

L’action de sauver (excès d’empathie) comporte toujours pour celui qui la pratique un aspect pulsionnel, assorti d’un certain sentiment d’urgence et de précipitation. Tout va trop vite et trop loin. Le sauveur envahit le territoire de l’autre et le prive d’une partie de sa liberté de réflexion et d’action.

Au contraire, l’action d’aider (juste distance empathique) se fait dans le calme, aide à initier une action, mais laisse à l’autre le soin de faire sa part, de s’approprier sa réussite, sa guérison.

Comment le thérapeute peut-il éviter de tomber dans ce piège ?
Quels sont les conseils de sécurité que l’on peut lui conseiller ?
Quels sont les 4 questions qu’il faut toujours se poser avant de proposer une solution à notre patient ?

 

 

 

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