Je suis mère de deux enfants et grand-mère. Je suis pédiatre, formée en haptonomie et en communication non violente. J’exerce à l'institut Franco-britannique, à Levallois-Perret, 92, où j’ai une consultation d’haptonomie et de soutien à la parentalité.
Je suis formatrice de professionnels de l’enfance. J’ai travaillé en crèche et pendant plusieurs années, j’ai enseigné l’haptonomie.
Consultation hospitalière de soutien à la parentalité
L’interdiction des punitions éducatives, nécessite de très nombreuses actions en direction des parents et de l’entourage familial, notamment des grands –parents, et des professionnels de l’enfance (pédiatres, pédopsychiatres, psychologues, éducateurs, enseignants, et personnels de crèche, de halte-garderie, assistantes maternelles.).
En fait, il faudrait toucher toute la population pour que l’état d’esprit général et l’attitude vis-à-vis des enfants se modifient réellement et deviennent respectueux.
Ce sujet est encore tabou en France et dans de nombreux pays. Beaucoup de débats, d’échanges seront nécessaires afin que progressivement, le plus grand nombre prenne conscience de la nocivité de certaines pratiques éducatives et réalise, dans un deuxième temps, qu’il est possible et bénéfique d’agir autrement.
Savoir élever son enfant autrement s’apprend. Ce n’est pas un savoir spontané, d’autant que l’attitude des parents est le plus souvent le reflet de ce qu’ils ont eux-mêmes vécus durant leur propre enfance. Il existe des moyens variés pour amener à un changement dans les méthodes éducatives :
• Les consultations spécialisées en relation parent-enfant, permettent de répondre, soit à des demandes de conseils éducatifs, soit à des demandes de prise en charge thérapeutique.
• Les groupes de paroles, soit de parents, soit de professionnels de l’éducation, aident à rompre l’isolement, à se sentir compris et soutenu et à trouver des manières d’être plus respectueuses de l’enfant.
• Des actions d’informations : colloques, conférences, livres, revues, interventions dans les médias (articles dans la presse, émissions de télévision, de radio, clips).
Beaucoup de parents sont accessibles à une réflexion sur les méthodes d’éducation, quels que soient leur situation sociale et leur statut intellectuel. C’est l’avantage d’une consultation à l’hôpital qui permet à des parents de toutes conditions d’accéder à une aide éducative.
Ma formation de pédiatre, et ma formation en haptonomie et en communication non violente (CNV) me permettent de soutenir les parents pour qu’ils acquièrent une attitude bienveillante vis-à-vis de leur enfant.
Dans cette communication, j’aborderais uniquement l’haptonomie. Le travail sur la présence affective à l’autre, le toucher corporel, le contact et ses effets sont le cœur de l’haptonomie. Etre avec le patient dans un contact très proche pour le rassurer, le sécuriser, peut surprendre d’autant plus que ce contact, pour avoir un effet bienfaisant, ne doit pas être neutre mais tendre.
Ce contact est très respectueux de la personne, non érotisant. Un tel contact, très proche du patient, nécessite une position claire, sans ambiguïté de la part du thérapeute. Si le thérapeute a des difficultés personnelles, est en manque affectif, s’il ne peut pas rester dans un contact non possessif, ou non chaste, il lui sera difficile de faire ce travail.
Je reçois les parents soit en couple, soit seul, et/ou avec l’enfant. J’ai choisi de travailler avant tout avec les adultes et le plus souvent, sans l’enfant. Car, mon expérience quotidienne me montre que l’origine des difficultés de l’enfant provient avant tout d’une attitude parentale inappropriée. Les parents utilisent des rapports de force, physiques et/ou verbaux, ignorant que ceux-ci ci génèrent un profond mal-être chez l’enfant. Dès que les parents modifient leur façon d’être et ont une attitude respectueuse avec l’enfant, les difficultés de celui-ci disparaissent.
Ce travail haptonomique peut être préventif ou thérapeutique.
• Quand les parents vont bien, l’haptonomie permet d’approfondir la relation affective entre les parents et l’enfant, par exemple lors de la grossesse et le début de vie de l’enfant. C’est alors un outil préventif de dysfonctionnements ultérieurs dans la relation parent-enfant.
• Autrement, la consultation a très souvent lieu parce que les parents pensent que leur enfant va mal, ils le trouvent agressif, insupportable. L’enfant dort mal, mange mal, ne travaille pas à l’école etc... Pour les parents, c’est l’enfant qui pose problème, « il faut le soigner ». Ils n’ont pas conscience que l’origine de ses difficultés vient, le plus souvent, de leur attitude. La consultation est alors thérapique et se fera avec le parent le plus accessible.
Le travail haptonomique et notamment la douceur du contact au niveau du corps, touche des vécus très archaïques et réveille des émotions, des souvenirs enfouis. La personne réalise souvent lors des séances, qu’elle-même n’a jamais vécu la douceur affective et qu’elle ne sait pas avoir, avec ses proches, des gestes tendres, non dominateurs, non possessifs.
Lors de ce contact tendre, apaisant, la séance peut être totalement silencieuse. La personne choisit, pendant la séance, de parler ou non. Elle pleure parfois, et se libère ainsi de blocages émotionnels qui la parasitaient. Elle peut parler aussi de ce qu’elle a subi durant son enfance.
Quand elle est en confiance, elle réussi à dire qu’elle-même crie, humilie, punit, de façon plus moins brutale, son enfant. Jamais, elle n’en parlera à la première séance ou si elle n’est pas totalement en confiance.
Quand la personne vit cette relation, ce contact, à plusieurs reprises, elle se transforme petit à petit. Elle apprend la relation humaine à la fois libre et tendre, sans rapports de force. Elle peut alors la transmettre à son conjoint, à son enfant, très souvent d’abord à son insu puis ensuite consciemment.
Pour résoudre les difficultés de l’enfant, il faut faire d’abord un travail avec les parents, tel est l’enjeu principal qui ne peut pas être admis d’emblée par les parents.
Je demande alors, à la personne comment elle se sent face à « cet enfant qui va mal ». Elle me dit qu’elle est épuisée, énervée, n’en peut plus. Je lui propose alors des séances pour elle, de « bien-être », de « cocooning ». Elle ne refuse pratiquement jamais. Le plus souvent au bout de quelques séances, elle me dit, sur le pas de la porte, en fin de séance : « Au fait, mon enfant va beaucoup mieux, c’est incroyable, je ne sais pas pourquoi. ». Au cours des séances suivantes, elle sera à même de comprendre pourquoi son enfant va mieux.
Quand je pratique tel ou tel geste, je demande toujours à la personne, si cela lui convient. Ensuite, après quelques séances durant lesquelles la personne comprend, sent ce qui lui fait du bien, c’est elle qui demandera ce qu’elle souhaite : rester assise, s’allonger sur le lit, parler, être dans le contact, avoir un « modelage » corps entier ou uniquement sur les jambes, avoir un contact au niveau du ventre, siège très fréquent de tensions. Ce choix lui permet de comprendre, que dans une relation, on peut dire non, proposer, demander.
Quand la personne se sent mieux et qu’elle le souhaite, l’enfant peut participer aux séances mais, dans la plupart des cas, cela n’est pas nécessaire.
Le cas de chaque personne étant singulier, la prise en charge, le nombre de consultations sont variables, en fonction de la capacité de la personne à répondre à cette thérapie et du degré de sa souffrance.
N’étant ni psychiatre, ni psychologue, j’adresse les personnes présentant des symptômes psychiatriques aux psychologues ou aux psychiatres.
Tant que les parents ne sont pas apaisés, ils ne peuvent avoir une relation pacifiée avec leur enfant. S’ils n’ont pas reçu eux-mêmes d’affection dans une relation respectueuse, ils ne peuvent donner cette affection et ce respect à leur enfant.
Le parent comprend et apprend qu’il peut avoir une toute autre relation avec son enfant. Ses propres notions d’autorité, d’éducation se modifient et sa relation à l’enfant devient empathique et affectueuse. Il se sent bien, est heureux de la relation nouvelle avec son enfant. Quand l’adulte change ainsi, il n’a plus besoin d’utiliser de rapports de force physiques ou verbaux. L’enfant alors se transforme et va bien. Cette attitude de l’adulte n’empêche pas de donner à l’enfant les repères et les limites nécessaires à tout humain, et qui ne sont pas spécifiques à l’enfant.
L’enfant alors apprend très tôt « comment bien vivre ensemble, affectivement et socialement». Lui-même ayant reçu toute l’affection indispensable pour s’épanouir, il pourra la redistribuer autour de lui, et la donner à ses propres enfants plus tard. La chaine de la violence éducative aura été rompue.
Catherine Gueguen, Octobre 2011. |